LE CHANT MARONITE
(Chants de Noêl)
b. Les origines édessiennes Entremêlée des influences romaine, byzantine et juive, la tradition antiochienne voit naître au IVe siècle un nouvel élément: l'hymnodie syriaque d'Édesse, représentée surtout par St Ephrem d'Édesse (306-373). Comme St Ephrem le déclare, dès le IIe siècle Bardesane (154-222) composa des cantiques à travers lesquels il propageait ses idées et ses doctrines; Harmonius, son fils, prenait soin de leur donner de belles mélodies qu'il composait ou adaptait à partir d'un répertoire plus ancien. Textes et mélodies étaient si bien faits, qu'ils enchantaient les auditeurs et les détournaient de la doctrine orthodoxe. Lorsque saint Ephrem vit le goût des habitants d'Édesse pour les chants, il institua en contrepartie pour les jeunes gens des jeux et des danses. Il établit des choeurs de vierges auxquelles il fit apprendre des hymnes divisés en strophes et refrains. Il mit dans ces hymnes des pensées délicates et des instructions spirituelles sur la Nativité, sur le baptême, le jeûne et les actes du Christ, sur la Passion, la Résurrection et l'Ascension, ainsi que sur les confesseurs, la pénitence et les défunts. "Les vierges se réunissaient le dimanche, aux grandes fêtes et aux commémoraisons des martyrs; et lui, comme un père, se tenait au milieu d'elles, les accompagnant de la harpe. Il les divisa en choeurs pour les chants alternants et leur enseigna les différents airs musicaux, de sorte que toute la ville se réunit autour de lui et que les adversaires furent couverts de honte et disparurent". Saint Ephrem nous a laissé une large littérature en langue syriaque. Étant un méditatif, "c'est dans l'Ecriture ou dans les scènes de la vie quotidienne qu'il puise les trésors de ses images". Théologien et poète, il a utilisé les moules poétiques pour propager les idées théologiques et les enseignements de l'Église. " L'oeuvre de saint Ephrem domine toute l'hymnographie syriaque", la liturgie maronite actuelle en est témoin. Citons deux formes poétiques qu'a utilisées Ephrem: les madrôshe et les sûghiyôtô.
c. Le chant maronite après Chalcédoine ( 451) Après le concile de Chalcédoine (451), le Patriarcat d'Antioche fut coupé par le monophysisme en deux tronçons: l'un chalcédonien et l'autre monophysite (non-chalcédonien).A partir du VIIe - VIIIe siècle, les Chalcédoniens se divisèrent en Melkites et Maronites, et les monophysites furent appelés Syriaques Orthodoxes ou Jacobites. Les Melkites s'éloignèrent peu à peu de la tradition d'Antioche pour adopter, à partir du XIIe siècle, celle de Byzance. Les Maronites et les Jacobites demeurèrent fidèles à la liturgie d'Antioche. "Mais chaque groupe aura ses particularités tout en conservant l'esprit antiochien".
d. Le chant maronite et les essais de latinisation Avec les Croisés (Xe-XIIe siècle), les Maronites commencèrent à adopter des usages et des rites de l'Église Romaine; c'était le premier essai de latinisation. "Mais en introduisant des modifications dans le texte de la liturgie, ils cherchèrent le plus souvent à les adapter aux règles de l'ancien rite antiochien." Un deuxième essai de latinisation eut lieu au XVIe siècle avec les missionnaires occidentaux et la fondation du Collège Maronite de Rome (1584-1808). Malgré toutes ces tendances à l'occidentalisation, le chant maronite put sauvegarder ses caractéristiques. De plus, nous ne trouvons aucun nom d'un compositeur maronite, ni aucune transcription musicale des chants maronites traditionnels avant la fin du XIXe siècle. Des essais de traduction ou de composition des chants en langue arabe furent commencés dès la première moitié du XVIIIe siècle,en particulier avec 'Abdallah Qar'ali (1672-1742) et Germanos Farhat (1670-1732), et dans la deuxième moitié du même siècle avec Youssef Estphan (1729-1793); mais c'était toujours dans l'esprit de la tradition, en respectant les caractéristiques du chant maronite.
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Badih El Hajj badouh@libertysurf.fr